A propos de la question du « mariage des personnes de même sexe », un postulat récurrent s’exprime au sein de l‘Eglise Protestante Unie de France, conforme à la déclaration du Conseil de la Fédération Protestante de France du 13 octobre 2012 : « ce n’est pas le cœur de la foi chrétienne ».
Voire… « Dis-moi quel Dieu tu adores, je te dirai qui tu es ». L’identité humaine, qui dans une perspective protestante devrait se fonder sur l’anthropologie biblique, n’a-t-elle pas tout à voir au contraire avec l’identité du Dieu révélé ? Or celui-ci n’est pas l’Un monolithique, mais une communion d’amour. Et selon Genèse 1,27, texte fondateur en complément de Genèse 2, 23-24, il est patent que l’image de Dieu se manifeste dans la différenciation, la complémentarité, la communion des sexes.
La différenciation sexuelle n’est pas un aspect secondaire de la personnalité humaine, mais son cœur. La réciprocité, la complémentarité des sexes expriment admirablement la création de l’être humain à l’image de Dieu, selon sa ressemblance (processus dynamique). L’être humain se trouve ainsi caractérisé par sa vocation relationnelle dans une communion d’amour créateur.
L’identité sexuelle de la personne humaine n’est pas à l’origine une construction culturelle ou sociale, mais un mode spécifique d’être à l’image de Dieu dont la parfaite expression est le Verbe incarné. Il s’agit du Verbe éternellement engendré du Père, conçu du Saint-Esprit (du sein maternel de Dieu exprimé par la Ruah féminine hébraïque « couvant » le chaos primitif (Genèse 1,2). Ce Verbe éternel, abyssal, a donc été fait chair (Jean 1,14) dans le sein virginal de Marie, en assumant un sexe masculin qui mystiquement va le conduire à devenir « l’Epoux » de l’Eglise, comme l’explique Paul en Ephésiens 5, 32 avec ce commentaire significatif à propos du mariage humain : « ce mystère est grand ».
Le mariage en tant qu’union créative, procréative, de l’homme et de la femme, exprime donc l’union de l’époux divin avec l’épouse humaine (conjonction des deux natures, sans fusion ni confusion), union qui va pour ainsi dire couronner la communion créative de l’amour éternel infini trinitaire.
L’union du mâle et de la femelle en « une seule chair » ne répond pas seulement à une nécessité biologique, mais bien à l’intention du Créateur qui les incite à partager la grâce d’être à Son image, en engendrant à leur tour d’autres images de Dieu que sont les enfants, par l’échange et la créativité des sexes en communion différenciée.
Il est facile de voir ici qu’un « mariage » d’individus de même sexe anéantirait cette riche perspective biblique et chrétienne du dynamisme créateur de Dieu qui s’exprime à l’échelle humaine, en dégradant la notion même de la divinité. Mais on peut comprendre qu’en plus un tel « mariage » achèverait son uniformisation des relations humaines due à l’exclusion de l’altérité sexuelle, par la prise en otage d’enfants abusivement, mensongèrement désignés comme rejetons de « deux pères » ou « deux mères ». Notre union d’Eglises peut-elle se faire la complice d’un tel confusionnisme chaotique, en ouvrant la possibilité de « bénir » de telles unions ? Est-ce vraiment aimer les personnes se déclarant homosexuelles, que de leur laisser croire que Dieu va les bénir, c’est-à-dire concrètement favoriser leur style de vie et multiplier leur nombre et leur postérité par l’intervention toujours plus massive de mères porteuses payées à cet effet, ou des industriels de l’ingénierie reproductive, sans parler des « matrix »-utérus artificiels déjà bien à l’étude, le tout avec à la clé d’énormes enjeux financiers ? Voulons-nous, sous couleur d’ouverture et d’accueil, cautionner de fait un nouveau paradigme familial, prélude au changement civilisationnel ainsi promu, mais surtout profitable au règne de Mammon ?
C. Genevaz – aumônier FPF