Ne nous conformons pas au siècle présent !
Je ne suis pas « huguenot » d’origine, et donc je ne me complais pas dans cette idée qu’être minoritaire c’est bien, qu’être seul contre tous est la marque de la « vérité d’un combat ». Au contraire, je crois qu’il faut aussi entendre ce que dit la majorité silencieuse de nos églises. Or là, en ce qui concerne l’ouverture du mariage et surtout de l’adoption et de la procréation médicale assistée aux couples de même sexe, il s’agit même plus de majorité silencieuse, mais de majorité tout court ! En effet, sur 2,2 milliards de chrétiens, dont ½ de catholiques, il n’y a sans doute guère plus de 15% des baptisés qui acceptent vraiment ces évolutions sociétales contraire à l’éthique chrétienne et biblique (les orthodoxes et les évangéliques les rejettent, comme la grande majorité des catholiques, hors mis dans l’Europe sécularisée). Et même chez les 800 millions de protestants, où il n’y a plus que 185 millions de luthéro-anglicano-réformés, même pas la moitié acceptent ces évolutions.
Quant à notre Eglise [protestante unie de France - NDLR], nous avons eu il y a près de 10 ans un débat sur ces questions dans nos églises locales et en synodes, conclu au synode national de Bordeaux en 2004. Il est alors remonté des églises locales qu’elles accueillaient tout le monde inconditionnellement sans se soucier de l’orientation sexuelle des uns et des autres. Par contre, une majorité d’églises s’étaient prononcées contre la possibilité d’accueillir en paroisse un pasteur qui aurait déclaré son homosexualité. Enfin, le texte disait qu’il n’était pas opportun d’envisager un culte de bénédiction pour les personnes de même sexe, qui entretiendrait alors la confusion entre couples homosexuel et hétérosexuel. A cette époque, des conseillers de plusieurs églises étaient prêts à envisager que leur église locale sorte de l’Union si le synode avait voté la possibilité de bénir des couples de même sexe. Demain, il en sera de même !
Personnellement, je crois aussi que si nos directions d’églises s’ouvrent à ce type de demandes minoritaires, à terme, cela créera des schismes dans nos églises au niveau mondial, national ou local. En effet, ces évolutions de la société, du droit conjugal, de la filiation… ne sont pas des évolutions positives ; mais, comme le disent plus ouvertement nombre de nos pratiquants, comme la majorité des catholiques engagés et des réformés-évangéliques, ce sont plutôt là les indices d’une civilisation occidentale devenue matérialiste et individualiste, qui met la toute-puissance du désir de l’individu au-dessus de l’intérêt collectif et du Projet de Dieu. Je crois aussi que si le Christ avait été interrogé sur ces questions, comme il l’a été sur le divorce, il aurait renvoyé ses interlocuteurs à Genèse 1 et 2. Enfin, je crois qu’on ne peut accepter que le « droit de l’enfant » soit remplacé par un « droit à l’enfant », en ouvrant notamment la PMA à des femmes non-stériles, ni qu’on établisse ça et là une équivalence entre couples hétérosexuels et les couples homosexuels ; car établir une équivalence entre les deux revient à nier la réalité en opérant une grave confusion entre « genre » et « pratique » : confusion qu’il ne faudrait ni entretenir à l’Ecole et encore moins à l’Eglise en présentant ces choix de vie comme étant égaux. Ainsi, en matière de droits n’inventons rien de nouveaux, respectons plutôt ce qui est déjà écrit dans la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948, et appliquons aux questions de filiation le « Principe de précaution » inscrit dans notre Constitution.
Pr Luc Serrano : courrier envoyer au journal ENSEMBLE