Parabole revisitée
Luc 15.3 — Jésus leur dit cette parabole : « Quel homme d’entre vous, s’il a 100 moutons et qu’il en perde un, ne laisse les 99 autres dans le désert pour aller après celui qui est perdu, jusqu’à ce qu’il le retrouve ? »
Mais que firent les 99 moutons pendant que le berger était parti ?
Ils tinrent un conciliabule – une sorte de synode ovin – se demandant quelle attitude adopter face à cette situation inédite : pensez, un mouton, animal grégaire par excellence, qui avait fait son « going out » !
A propos de l’inédit de la situation, remarquons que l’on a souvent tendance à croire que notre époque est celle de toutes les nouveautés, comme si le passé n’était qu’une sombre époque de conservatisme et de dogmatisme étroit. C’est oublier que de tous temps les bergers durent se mettre en recherche de moutons égarés.
Mais revenons aux discussions tenues en la bergerie.
Certains moutons étaient d’avis qu’il était urgent d’attendre et qu’il fallait faire confiance au berger. Après tout c’était son métier à lui de trouver et de ramener la brebis perdue. D’autres estimaient que cet incident était une occasion de méditer plus en profondeur sur ce qui incite certains de leurs congénères à se mettre en marge du troupeau et à prendre parfois des chemins de traverse. Quelques-uns voulaient aller plus loin que les paroles. « Et si par solidarité avec notre frère perdu, nous allions nous aussi à sa rencontre. Nous pourrions ainsi lui témoigner notre soutien, lui manifester que nous trouvons son choix courageux. Arrêtons de penser que c’est forcément mal de se perdre. D’ailleurs, dit un des moutons, j’ai eu récemment un échange de vues des plus stimulant sur ce sujet avec la chèvre d’un certain M. Seguin…
Pendant ce temps dans un coin du bercail, un mouton se taisait. On aurait dit qu’il priait. Et si l’on s’était avancé plus près, on aurait aperçu une larme au coin de l’œil et aussi une patte un peu tordue, cicatrice d’une escapade qui aurait pu mal tourner si le berger n’était pas, pour lui aussi, parti à sa recherche. C’était il y a longtemps, mais quand on a goûté au salut, on ne l’oublie pas.